Rechercher les passions et renouer les fils d’un avenir commun

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Les événements du 13 novembre nous bouleversent et nous touchent dans notre chair. Ils sont cruels, barbares. Ils font résonner en nous la fragilité de la vie, la vulnérabilité de notre liberté, la déliquescence de la dignité humaine. Ils nous confrontent à notre propre mort. Nous faisons l’expérience de l’absurdité, du caractère déraisonnable de ce monde qui nous échappe, dérape inlassablement. Aucune prise ne semble possible ; le sentiment de mon impuissance me violente. Certains jours, comme ceux-là, je vomis mon existence.

Le monde est déboussolé, surgit le chaos. Celui d’une financiarisation croissante de l’économie qui impose des catastrophes sociales, des vies brisées par la précarité, le sentiment d’inutilité ; les liens humains se délitent. Celui de la perte de sens et de repères dans un monde où seule la société de consommation domine. Celui de notre repli identitaire. Nous ne faisons plus humanité. Nous laissons détruire, lentement, sûrement, notre civilisation. Par touches concentriques, notre écosystème se vide de son essence.

Il s’agit de comprendre le monde pour le transformer. Aujourd’hui, plus aucun effort d’analyse, l’espoir nous manque. Le politique a abandonné. C’était son rôle que de nous conduire vers un avenir souhaitable, désirable. Nous sommes face à des comptables, des élites qui gèrent les affaires courantes, « à la petite semaine ». Le discours guerrier et sécuritaire n’est qu’un brouillard pour ne pas aborder les problèmes, les racines du mal. L’économicisation de la société ne peut pas être la solution. Il y a une incapacité de nos dirigeants à penser un projet de vie dans une société mondialisée et happée par le progrès technologique. Les discours technocratiques, sans âme, ni perspectives, se succèdent. C’est toujours plus d’austérité, de rigueur, de sacrifices mais moins de vivre-ensemble, de bonheur. L’ascenseur social est bloqué depuis bien longtemps, la jeunesse se désespère.

Il va falloir aller au-delà de la compassion. Pleurer nos morts ne suffira pas. Sortir de notre petit confort. Se révolter, « dire non » comme nous l’aurait conseillé Albert Camus. S’engager dans la vie de la cité pour bâtir notre futur.

C’est à nous, chacun à sa propre échelle et selon ses moyens, de faire bloc, d’être une génération qui se dresse, « ici » et « maintenant ». Porter des utopies. Rechercher les passions. Tirer les fils d’un avenir commun. Une nouvelle politique de civilisation, celle de la solidarité, du bien-être, est possible. Un projet économique, social, culturel, inclusif, où chacun puisse vivre dans des conditions dignes. Nous ne pouvons plus continuer dans ce néolibéralisme exacerbé qui détruit tout et génère les fascismes.

Des poches de résistance existent déjà dans la société civile. La démocratie, celle des citoyens, doit être mise en place, protégée, chérie ; il faut faire pression sur nos élites, sur les pouvoirs. Il est temps de prôner la « désobéissance civile » chère au philosophe américain Thoreau.

Je veux vivre, aimer, espérer dans un autre monde.

 

Cet article est également disponible dans les versions papier & numérique de l’Humanité du 17 novembre 2015. Cliquez sur l’image pour y accéder !

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